” Something always brings me back to you.  ”
La nuit s'est emparée de Palm Springs. Je m'échappe de la soirée étudiante à laquelle je me devais d'y assister faisant partie d'une sonorité complètement débile, mais indispensable. Je me met à courir vite. Aussi vite que les oiseaux, aussi vite que le vent qui me transporte dans ma course. Mon marathon insensé contre la vie. Je ris aux éclats. J'agite mes bras en direction du ciel. Je ne pense à rien en particulier, je me laisse juste emportée par l'euphorie du moment. La pelouse verte du parcours de golf est éclairée par la pleine lune et le ciel qui est parsemé d'étoiles. Elles brillent les étoiles et chantent entre elles, une mélodie inaudible. Les jets d'eau s'actionnent et s'agitent autour de moi telle une danse endiablée. Je ne m'éloigne pas. Je m'approche. Je me fiche de mouiller mes cheveux, que mon maquillage coule, que ma robe soit toute trempée. En fait, j'en aie rien à faire de ressembler à un panda évadé de sa cage. C'est beau les pandas, c'est gentil les pandas. Je m'arrête. Je bouge doucement sur place et me met à danser comme si l'instant me l'exigeait. Je me sens si légère, si apaisée et si libre. Je tourne sur moi-même. Je m'applique dans chacun de mes gestes, j'essaye d'être aussi gracieuse, aussi élégante qu'un cygne. C'est beau les cygnes, c'est incroyablement mystérieux. Je ne pense plus à rien. Je me laisse transportée. J'ai l'impression de voler, de toucher les étoiles, d'être perchée. Tout d'un coup, la réalité  revient me donner une grande claque en pleine figure. J'ouvre les yeux et mon coeur abîmé rate un battement lorsque je remarque la présence d'un inconnu en train de m'observer. Il est plutôt grand, l'air débrayé et surtout il porte une bouteille de whisky vide dans sa main droite. Je l'ignore, je fais comme s'il n'était pas là. Jusqu'à. Jusqu'à ce qu'il ouvre la bouche. « Une fille qui danse sans musique et sous la pluie. Bizarre. » « Moins bizarre qu'un ivrogne avec sa bouteille de whisky alors que la fête est fini. Au fait l'inconnu ? il ne pleut pas. » rétorquai-je. Pendant quelques secondes, il reste stoïque et ne bouge pas d'un pouce. L’instant d'après, il lâche sa bouteille qui s'écrase contre le sol et s'approche de moi. L'inconnu prend ma main sans me demander une quelconque permission et il me fait tournoyer sur moi-même. Je crois que lui aussi, il est épris de ce grain de folie qui lui permet d'entendre le chant des étoiles. Il m'attire vers lui, ramène mon corps contre le sien, nos lèvres s'effleurent et nos regards se noient. Nous dansons lentement, l'un contre l'autre, sans se poser la moindre question. Nos corps sont un peu trop proches. Il essaye de parler, je met mon doigt sur ses lèvres. Douces, brûlantes et captivantes. Le temps semble s'être arrêté. J'ose coller mes lèvres contre les siennes, j'ose me mêler à cet inconnu. Mon coeur s'emballe un peu trop vite, il devient incontrôlable et indomptable. Un courant électrique traverse nos corps, quitte à mourir, on s'électrocute sans penser aux conséquences. Le baiser est tendre, il devient sauvage et... Tout d'un coup, je me détache de lui. Je souris en évitant son regard, je le repousse et m'éloigne de lui. Il n'a pas le temps de comprendre quoi que ce soit. Je cours tout en espérant qu'il ne me suive pas. Têtu, il me poursuit et lucide, il fini par abandonner. « Qui es-tu belle inconnue ?! » Je ne me retourne pas. Je ne répond pas. Je continue mon chemin gardant dans un coin de ma tête cette rencontre troublante.

” The worst day of loving someone is the day you lose them. ”
On me dit que je suis folle, on me dit que je suis bizarre. Ils ne comprennent pas. Personne ne peut comprendre. Sauf lui. Le frère jumeau. La copie presque conforme. Tous les deux liés jusqu'à la vie et surtout jusqu'à la mort. Coincés avec cette putain de maladie qui nous consume.  Qui nous vole ce temps. Ce temps qu'on a pas devant de nous. Semblable à des feuilles de papiers. Éphémères comme des libellules. Nos vies ne valent rien. Ils disent qu'on ne devrait pas dramatiser, qu'on devrait oublier. Juste une fois. Oublier qu'on est pas comme les autres. Qu'on a pas qu'un coeur pour deux. Qu'une vie pour deux. Qu'on ne nous a pas condamné dès la naissance. Maudit. Alors oui, on est différent. Pas dans le même monde que les autres, pas dans le même sac. On profite cette putain de vie qui ne veut pas de nous. Qui veut que l'on finisse malheureux à la fin de la course. On se tient la main, on marche à l'unissons. On ne suit aucune règle. On se bat d'une certaine manière, on court après la lumière. « Tu crois que cette conne va s'en rendre compte que je lui pique une paire de Louboutin ? » Il se rapproche de moi et pose un chapeau de cow-boy sur ma tête.  « Elles t'iront tellement bien qu'elle voudra même les racheter. » Il me regarde avec ses yeux bleu océan, ceux qui t'absorbent, ceux qui ne te donnent aucunes chances de survie. Ils te coupent la respiration, implorent ton cœur de tout arrêter. Ils seraient capable de te faire faire n'importe quoi, de te noyer, de te sauver. Et je me rend compte à cet instant, que je suis contente que nous nos vies soient liées, qu'elles soient condamnées. Ensemble. A jamais. On ne sera jamais seul. Dans le fond, on en a de la chance. Alors oui, on est riche. On n'a pas besoin d'aller voler de maison en maison pour se prouver quoi que ce soit. Pour prouver à la vie qu'on est plus fort qu'elle. Le truc, c'est que même si ça va pas ensemble, nous, on a besoin d'adrénaline. On a besoin de sentir nos vies défilées, de se sentir partir, de décoller de terre et de toucher le ciel. Pile ou face. Tic tac. Tic Tac.

” The worst day of loving someone is the day you lose them. ”

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